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natur'elles - le retour aux sources
30 mars 2013

Inaptitude???

Bonjour à mes lecteurs(trices),

Je crois que j'ai besoin de me défouler... Je me sens dans tous mes états et je sais, là, au fond de moi, qu'il n'y a qu'en exprimant ce que je ressens que je vais pouvoir calmer ce mal-être ambiant...

Dans la catégorie "moments de vie", le dernier message s'intitulait "ce n'est pas fini"... Et force est de constater que non ce n'est pas fini et je ne sais pas quand cela va s'arrêter.

En arrêt maladie depuis le 18 janvier pour burn out, syndrome d'épuisement professionnel, il m'a fallu admettre que ma situation professionnelle n'allait pas s'arranger!!! J'étais seule en tant que salariée plein temps pour gérer l'antenne locale d'une association "humanitaire" et oui humanitaire je le mets entre guillemets (il y a de quoi). Seule pour gérer comme il se doit un local d'environ 500m2 et près de 400 familles aidées...

Petit retour sur fin 2012 : bien entendu j'avais une petite équipe de bénévoles pour m'aider... et chacun faisait ce qui lui semblait le meilleur. Jamais je n'ai eu la prétention de positionner des bénévoles de force sur tel ou tel poste. Un bénévole doit se sentir bien là ou il a décidé de faire du bénévolat. Un bénévole donne et offre de son temps et aussi pour certains de leur savoir faire. J'en discutais souvent avec certains, qui s'accordaient tous pour dire que souvent ça leur permettait de faire des connaissances ou de ne pas s'ennuyer chez eux ou de garder une vie sociale... Donc une petite équipe de bénévoles qui devenait intéressante. J'avais l'impression qu'enfin j'avais une bonne petite équipe car ça n'a pas toujours été le cas. Eh! oui, malheureusement, il n'est pas rare de s'apercevoir que certains étaient là par profit, certains s'adonnaient au vol, d'autres à ce que j'appellerais recel puisqu'ils revendaient ce qu'ils avaient volé!!! Mais je n'étais pas policière ni gendarme, pourtant, petit à petit j'ai réussi à faire en sorte que quelques "brebis galeuses" quittent le navire!!!

A côté de cela, même si la petite équipe présente fin décembre était pleine de bonne volonté, je savais pertinement que j'avais besoin d'aide au niveau administratif (dossiers vacances - accueil solidarité - renseignement de tableaux de dons divers (alimentaire - vestimentaire - mobilier) - organisation et gestion de collectes  et j'en passe...). Certain(e)s étaient prêt(e)s à s'investir mais pas assez nombreux toutefois, ne venant pas assez souvent ou pas assez longtemps. A côté je savais qu'il m'était impossible de demander à certains autres des tâches trop pointilleuses... Ah! ce n'était pas simple.

Et novembre et décembre ont été deux mois très lourds, très mouvementés. Beaucoup beaucoup de travail : les tâches habituelles à savoir les permanences d'accueil (sachant que certains accueils peuvent durer plus d'1 heure), les colis alimentaires, l'épicerie solidaire, le vestiaire, le bric à brac, le stock, les commandes, les ramasses, le téléphone, les urgences, l'équipe... Et Noël approchait donc l'envie, le besoin aussi et je pourrais dire l'obligation de mettre en place diverses actions envers cette fête de Noël : colis festif - opération paquets cadeaux - marché de Noël - collecte dans 3 supermarchés et pas assez de bénévoles. Oh! la plupart se sont mobilisés pour ces actions mais impossible de se couper en 4 n'est ce pas??? Alors j'ai et nous avons demandé à des personnes aidées de donner un petit coup de main et franchement, peut-être 5 ou 6 personnes se sont positionnées sur 1200!!!!! Il y a un soucis quelque part non??? Tout est-il donc un dû??? La solidarité ne doit-elle pas aller dans les 2 sens??? Je pense à ce jour que ce n'est décidement pas ce que pensent les gens!!!

Donc beaucoup de fatigue car beaucoup d'investissement le soir et le week-end en plus des heures habituelles. Je précise que ces heures que j'ai faites en plus étaient bénévoles. Mais cela ne me posait aucun soucis et je n'ai jamais pensé de cette façon, c'était logique pour moi. D'ailleurs je me serais mal vue demander une contrepartie pour ces heures alors que des bénévoles étaient à mes côtés. Non cela ne m'est jamais venu à l'idée et  j'aimais ce que je faisais.

A côté de cela je préparais un diplôme universitaire qui me demandait de plus en plus d'investissement lui aussi. Et je pense, à ce jour, que c'est ce que je regretterais le plus : ne pas avoir pu terminer ce cursus universitaire commencé depuis presque 3 ans (il ne me restait qu'une année à peine à effectuer).

En tous cas, j'ai enfin pris une petite semaine de congés après le coup de feu à savoir la semaine du 1er janvier et je me suis littérallement écroulée : grosse fatigue, oppression, moral en berne. Force était de constater que ça n'allait pas bien du tout.

Et quand j'ai repris le travail après une semaine de congés, je n'ai pas réussi à me replonger dedans. Je ne sais pas comment expliquer cela... Disons que j'étais là physiquement mais ma tête n'y était pas... J'étais vraiment très fatiguée... Et tous ces "symptomes" ressentis depuis la rentrée de septembre ont pris de l'ampleur, ont pris toute leur place (et quelle place!!!). Dans tous ces symptomes, il y avait entre autres un sentiment de m'endurcir émotionnellement, l'impression de travailler plus pour un rendement moindre, le sentiment de craquer à l'intérieur, des maux de tête, l'impression aussi de devenir désabusée. J'oubliais des rendez-vous, des échéances, des effets personnels. Je devenais de plus en plus irritable, moins patiente... je n'en pouvais plus. Et arrêt maladie pour burn out mais j'ai déjà écrit là dessus : voir catégorie "moment de vie" des 26/02 et 15/03.

Dans le même temps, je pense qu'il y avait beaucoup de désillusion, de peine, de colère... Voir par exemple une ancienne bénévole qui avait été exclue pour des méfaits importants profiter de mes vacances pour revenir comme si de rien n'était m'en a fichu un coup de plus. J'étais si lasse et déjà tellement dans le burn out que je n'ai même pas eu la force de la voir en entretien afin de mettre les barres sur les T ou les points sur les i. Non je l'ai laissée tranquillement reprendre ses petites habitudes et pourtant celà me coûtait énormément et je sais que cela n'est pas étranger à mon état. Je n'en pouvais plus de faire le gendarme... Et en même temps il y avait ces désillusions suite au trop de travail de décembre, désillusions de prendre réellement conscience que tout est un dû pour la plupart des personnes aidées, ça n'a pas aidé c'est certain... Et il y avait aussi les désillusions concernant la solidarité : m'apercevoir depuis longtemps que l'association devenait de plus en plus entrepreunariale, qu'il fallait sans cesse "faire rentrer de l'argent" mais que jamais ne serait-ce qu'1/100e de cet argent ne pouvait servir pour venir en aide ponctuellement à des familles rencontrant des difficultés particulières me touchait beaucoup. Devoir faire partir en vacances de plus en plus d'enfants et devoir "facturer" 315€ un séjour d'une semaine qui ne coûtait rien si ce n'est d'emmener les enfants au lieu de départ en car me semblait on ne peut plus anormal.

Alors l'un dans l'autre, les désillusions mélangées à la fatigue, les colères conjuguées à la lassitude, la peine mélangée à l'épuisement ont tôt fait de me rendre malade. Car oui le burn out est une maladie, la plupart du temps conjuguée à une dépression qui arrive lentement mais sûrement. J'en suis arrivée à un point ou je ne supporte plus aucun conflit. Je suis lasse de tout cela. Lasse d'avoir donné autant d'énergie, autant de temps, autant d'intensité, autant de certitudes... 

Je disais souvent au début de mon travail dans cette association que j'étais à 200% moi tant j'étais en phase avec ma "pseudo" fiche de poste. J'écris "pseudo" car je n'ai jamais eu de fiche de poste. Par contre je me donnais vraiment à 200%. Les désillusions et déceptions arrivaient mais je continuais de penser que ça allait changer, qu'un jour prochain j'allais pouvoir pratiquer la vraie solidarité. Je conservais mon énergie, mon envie d'aider mon prochain, mes capacités à mettre en place des actions aussi diverses que variées, mon professionnalisme dans les permanences d'accueil solidarité, mon dynamisme. Mais que nenni!!! Rien en changeait. Alors petit à petit j'ai fait partie non seulement du secrétariat départemental mais aussi du comité departemental, de plusieurs groupes de travail et enfin du comité national... Et j'ai essayé tant que faire se peut de faire entendre mes positions, j'ai défendu dès que je l'ai pu mes convictions... Mais encore une fois force était de constater que ce n'était pas si simple... Même les "votes" lors des comités départementaux étaient le plus souvent en corrélation avec les positions de ma supérieure qui est aussi la directrice et la secrétaire générale de l'association.

En tous cas, le burn out est bien là et c'est un tout. Le burn out n'arrive pas comme une grippe... Non c'est bien plus sournois. On ne s'en rend pas bien compte... Des symptomes deci delà (que je relate plus haut) dont la lassitude, la frustration, le cynisme, la desillusion et etc... Et bien que ce ne soit pas facile, j'ai pris la ferme décision de ne plus travailer dans cette association. Non, ce n'est plus possible, ce trop de travail a mis ma santé plus qu'en péril... Je vais mettre du temps à me RECONSTRUIRE... Je sais que la route est longue... Il est facile de faire tomber un arbre, il est beaucoup plus difficile, que dis-je, impossible de le remettre debout... Heureusement il est possible que cette arbre reparte, qu'il y ait des bourgeons qui ne demandent qu'à s'ouvrir, à vivre. A moi de prendre soin de tous ces petits bourgeons afin de m'ouvrir à mes certitudes... Donc oui je dois quitter cette Association qui voit plus "financièrement" que "solidairement"!!! Je ne souhaitais pas démissionner car déjà que ne plus avoir de CDI ni de salaire n'est pas décision facile à prendre au vu de la conjoncture actuelle mais ne pas pouvoir prétendre à des droits ASSEDIC serait de la folie.

Alors j'ai pris la décision de demander une rupture conventionnelle. Mais à priori pas évident étant en arrêt pour burn out,  une maladie non reconnue comme maladie professionnelle mais se rapportant de près aux conditions de travail. Jusqu'alors je ne souhaitais pas faire appel à la médecine du travail pour aller jusqu'à une inaptitude car je pensais et je CONTINUE DE PENSER que je ne suis pas inapte au poste, c'est le poste qui n'est pas adapté pour une seule personne!!! Ce qui diamétralement différent!!! Je me vois pourtant obligée d'en passer par là. 

Et je pense qu'avoir ressenti autant de mépris dans le comportement de ma supérieure hiérarchique durant un entretien concernant une éventuelle rupture conventionnelle n'a fait qu'accentuer mon désarrois. Je pense que décidément, elle a dû oublier voire ne jamais prendre conscience que dans Association HUMANITAIRE  il y a HUMANITE, HUMAIN et que ces mots ont tous leur sens dans la façon de se comprter avec autrui!!! 

 

 

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Commentaires
A
que rajouter de plus, tout est dit... on pense fot à toi, plein de courage et de bisous ... bientôt en vrai !!!! ;-))
E
Pour avoir un peu approché les resto du coeur, je crois que ces gens éxistent, hélas! Mais ne perd pas ta confiance en l'humanité, il y a aussi tout plein de personnes merveilleuses qui sont toujours prêtent à donner un coup de main lorsque les fédérateurs (comme toi) ont donné l'impulsion.<br /> <br /> Biz<br /> <br /> Etiennette
P
Waouh!!!! Merci Pierre... Puissent tes marabouts faire du bon travail hi!hi!hi!<br /> <br /> Et n'y aurait-il pas un sage dans tes parages??? Merci pour l'air frais... Quand je lis tes mots sur le Sénégal et peut-être bientôt le Vietnam, j'envie cette facilité à vivre loin de nos contrées... Merci Pierre... La bise à toi aussi<br /> <br /> Christine
P
Christine,<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis de tout coeur avec toi. Du coup j'ai mis les meilleurs marabouts du pays sur le coup pour que tu puisses retrouver ta joie de vivre si bénéfique pour nous tous. <br /> <br /> <br /> <br /> Je pense fort à toi et si tu as besoin de changer d'air fais moi signe!<br /> <br /> <br /> <br /> La BiZH <br /> <br /> <br /> <br /> Pierre
P
Ah! Ma Béate, ce long post n'est pas là pour que tu aies les larmes aux noeils... mais je sais que tu connais tout cela... Et oui la reconstruction est longue... J'espère que tu arrives à pendre du recul, à te ressourcer... je t'embrasse... Christine...
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